jeudi 14 novembre 2013

Féminisme 101 - À lire au complet pour en saisir le sens


Le port du voile est un symbole de la soumission de la femme envers l'homme. Il est dégradant, sexiste et nuit à l'égalité entre les sexes.

Parallèlement, on relève dans la culture occidentale d'autres symboles dégradants pour la femme : mini-jupe, maquillage, décolletés - tous des vêtements n'ayant pour objectif que de faire paraître belles les femmes aux yeux des hommes, alimentant la culture de domination sexuelle occidentale. Cette culture veut faire de la femme un objet et, pire encore, encourage, voire force la compétition sexuelle entre les femmes pour charmer ces messieurs.

Jusqu'ici, mon discours féministe sonne (et j'insiste sur le terme sonne) à la fois faux et vrai : faux lorsqu'il traite de la culture occidentale; vrai lorsqu'il traite de la culture musulmane. Toutefois, le discours s'appuie sur les mêmes bases théoriques : le rapport de la femme à l'homme, rapport imposé par la culture ambiante.

Il est temps, je crois, de remettre à l'heure les pendules. L'analyse décrite plus haut est entièrement fallacieuse. Analysés comme des items alimentant le rapport entre les hommes et les femmes, le voile, autant que le maquillage, la minijupe et le décolleté, apparaissent comme des items sexistes et relevant de la culture de domination sexuelle. L'analyse est erronée dans la valeur attribuée à chacun de ces items.

Voir un vêtement porté par une femme comme étant nécessairement un vêtement de relation avec un homme est l'erreur commune commise par nombre de féministes imprégné-e-s des résidus de la culture machiste - et j'insiste : il s'agit de résidus, car des morceaux solides de cette culture feraient des dégâts d'un tout autre genre.

Ni le voile, ni le maquillage, ni la minijupe, ni le décolleté, ni aucun autre vêtement féminin ne doit être perçu nécessairement comme un symbole d'une domination sexuelle. Chacun de ces vêtements est avant tout strictement féminin. Une femme ne porte pas nécessairement un item pour affirmer sa relation à l'homme, mais pour s'affirmer elle-même en tant que femme.

Mesdames libres sans voile, votre maquillage, vos beaux vêtements, sont-ils avant tout un symbole de votre épanouissement personnel, ou bien un symbole de votre désir sexuel primitif ?

Mesdames épanouies et voilées - car cela est bien possible -, votre voile est-il nécessairement une marque de la relation entretenue envers l'homme ?

J'ose croire que, dans la majorité des cas, une femme s'habille comme elle s'habille non pas pour affirmer sa relation envers l'homme, mais pour affirmer sa relation envers elle-même et envers la femme qu'elle est. La domination sexuelle ne trouve pas racine dans un vêtement : elle est enracinée dans la culture, dans les traditions, dans les mentalités, dans les idéologies. Le voile, le maquillage sont des symboles d'une culture : ils ne sont pas, dans leur nature, fondamentalement sexistes. Abattez la culture machiste qu'ils nourrissent, et ils perdront toute valeur sexiste. Un voile porté par choix est un symbole de liberté. Un maquillage porté par choix l'est tout autant. Malgré que les deux régissent des relations entre la femme et les hommes, si les deux sont un choix individuel, ils servent avant tout la relation envers soi. Il n'est pas de notre droit de juger de la forme que prend la liberté et l'émancipation des autres femmes. Notre jugement, en ce sens, ne peut être qu'imprégné d'un paternalisme culturel dégradant. 

La lutte pour l'égalité des sexes est loin d'être terminée - ni ailleurs, ni ici, cas ici porte bien, au fond, son lot d'iniquités salariales et de publicités sexistes, ici alimente bien l'hypersexualisation de la jeunesse masculine et féminine, ici impose bien la culture de la beauté unique, artificielle, médiatique, au détriment de la beauté pure et naturelle de l'être. Ce n'est pas d'un féminisme paternaliste purement occidental dont ont besoin les femmes d'ailleurs pour sortir de la misère : c'est d'un féminisme solidaire, égalitaire, à travers lequel hommes et femmes du monde ne se regardent ni de haut, ni de bas, ni ne tentent d'imposer une vision culturelle de l'égalité sexuelle, mais luttent ensemble pour faire fleurir l'égalité sexuelle dans les faits, avec ses variantes selon le pays, la culture, le peuple, et travaillent ensemble pour l'épanouissement de tous et de toutes.

Un féminisme sans internationalisme est un féminisme gâché.