mardi 5 février 2013

Écologie politique - partie 2

Écologisme urbain


La Révolution industrielle provoqua la rupture historique entre l'Homme et la nature : le développement rapide du milieu urbain, ainsi que tous les avantages qu'offrait - et qu'offre encore - ce milieu, ont engendré l'exode rural qui affecta profondément les sociétés occidentales, qui passaient alors d'une économie rurale et autarcique à une économie capitaliste caractérisée par l'interdépendance et la spécialisation des citoyens.

Cet exode urbain accentua l'effet de gouffre subsistant entre les milieux urbain et rural. Ainsi, la ville et la campagne, considérées diamétralement opposées, ne sauraient désormais plus être confondues. Or, le dépassement de la crise écologique demande sans équivoque le dépassement de cette opposition entre urbanisme et ruralité. La ville de demain, celle qui saura offrir à l'humanité tous les avantages de la vie urbaine tout en lui assurant un avenir sain et viable, est une ville où se côtoient les activités rurales et urbaines et où les espaces et les distances sont réduits et amoindris.

Autonomie alimentaire et agriculture urbaine


La ville écologique est d'abord une ville qui permet à ses citoyens de subvenir à leurs besoins primaires sans passer par les échanges nationaux et internationaux. L'autonomie alimentaire, au sein de la ville écologique, se définirait donc comme la capacité des différentes communautés (ou collectivités) habitant la ville de gérer par eux-mêmes leur alimentation (en partie ou totalement).

Il s'agit, pour ce faire, d'encourager l'agriculture urbaine, c'est-à-dire l'essor et le développement de milieu propices à l'agriculture et à l'élevage, mais ce au milieu des centres urbains.

Cependant, l'autonomie alimentaire de centaines de milliers de concitoyens est une tâche qui, d'un point de vue logistique, parait trop lourde pour être réalisable. Ainsi, l'atteinte de l'autonomie alimentaire demande la division du territoire municipal en petits territoires collectifs, regroupant chacun quelques centaines d'individus - séparer la ville selon ses quartiers résidentiels est un moyen potentiel. 

Chaque collectivité aurait donc des espaces d'agriculture et d'élevage, et ces espaces seraient gérés de manière collective et sécurisés de manière collective. Ainsi, les milieux urbains sauraient subvenir davantage à leurs besoins primaires nutritionnels. De ce fait, la pollution liée au transport des aliments à l'échelle nationale et internationale diminuerait, et la ville urbaine développerait en son sein un milieu rural propre, écologique et naturel. La ville verte s'installe donc.

D'ailleurs, l'autonomie alimentaire conscientise le citoyen sur sa consommation, et de ce fait diminue drastiquement le gaspillage inconscient et la surconsommation malsaine. Néanmoins, que l'on se comprenne bien : il ne s'agit pas ici d'introduire dans la ville un milieu rural entier, et de transformer les citadins en agriculteurs; simplement de diminuer la dépendance de la ville envers la campagne. Il est admis que les citadins ne peuvent entièrement subvenir à leurs besoins de façon autonome, vu leur grand nombre et le manque de temps pour le travail de la terre : il n'est cependant pas admis que le milieu urbain doit totalement dépendre du milieu rural et de l'industrie agro-alimentaire pour vivre. L'industrie agro-alimentaire doit donc être décentralisée vers les collectivités, qui assureront, selon des principes démocratiques d'autogestion, son développement et sa production alimentaire.

Ajoutons que l'autonomie alimentaire s'effectue également à l'échelle familiale : serait donc encouragé le développement du potager familial, qui accorde à la famille une certaine autonomie dans sa consommation de fruits et de légumes.

Aménagement urbain


Un autre facteur de pollution né de la nature même de nos villes est l’aménagement urbain. Dans une ville éclatée, grande et distante, l'usage de l'automobile est nécessaire pour la majorité des citoyens. Or, il est inadmissible que l'humain dépende d'un objet qui met en jeu sa survie même. Ainsi, la ville écologique se doit de permettre à ses habitants de vivre en son sein sans que l'usage de la voiture ne soit nécessaire. Autrement dit, la ville écologique est petite. Par petite, nous n'entendons pas de petite superficie, mais de petites distances : les points centraux de la ville verte - autrement dit : l'épicerie, l'école, le travail et les lieux de loisirs - doivent être tant rapprochés que l'usage de la voiture devient désuet, vu les distances minimales. La ville écologique est donc aménagée selon une tout autre dynamique : elle n'est plus le reflet d'une humanité qui ne connait point de limites, mais reflète plutôt la finitude de la nature et les limites qu'impose ladite nature à l'humanité.

Ceci dit, il va de soi que l'usage du transport rapide offre trop d'avantages pour être mis entièrement de côté. Pour concilier, donc, les grandes distances, la rapidité et la protection de l'environnement, la ville verte encourage fortement l'usage de moyens de transports alternatifs. Ainsi, un véritable réseau de pistes cyclables, d'autobus électriques, de tramways, de métros et de trains électriques doit être mis en place. La gratuité de tous ces transports est également nécessaire. Ainsi, l'Homme ne considérerait plus le transport comme une consommation, un bien commercialisable, mais comme un droit autant qu'un devoir : une droit fondamental de circulation; un devoir de responsabilité dans sa circulation envers l'humanité entière et la nature.

Autrement dit, le réseau des transports en communs doit être perfectionné, diversifié et gratuit de façon à ce que le transport ne soit plus une question individuelle, réduite au citoyen et à sa voiture, mais devienne une question sociale, ainsi qu'une propriété collective, un bien commun parfaitement abordable.

L'État : frein au développement écologique de la ville verte


En résumé, la ville écologique est une ville : qui permet à ses citadins de concilier urbanisme et ruralité, menant la communauté urbaine à davantage d'autonomie alimentaire; qui est réduite en distances, ne rendant plus nécessaire l'usage des transports rapides; qui offre un réseau cohérent, solide et abordable de transports en commun verts et gratuits.

Néanmoins, les principes d'autogestion qui s'y accordent se heurtent aux fondements même de la théorie de l'État, de la démocratie représentative et du capitalisme. L'économie capitaliste, basée sur les échanges de biens commercialisables et sur la perpétuation du principe de gouvernance entre le chef d'entreprise et les ouvriers, ne survit point à un système décentralisé, anticonsumériste et convivial. L'État, pour sa part, est de nature centralisée; or, la ville verte en est une qui offre une multitude de pouvoirs aux citoyens. D'abord pour défendre l'économie qui le soutient, ensuite pour défendre ses pouvoirs, l'État sera un frein au développement de cette ville verte. Finalement, la démocratie représentative, qui est au 
cœur même de l'État, est née du désir de la société de séparer la question politique de la question sociale pour se concentrer sur sa condition sociale sans se soucier de son rôle politique. 

Les fondateurs et les penseurs de la démocratie représentative rêvaient d'un système où le citoyen n'aurait point à se préoccuper de la question politique. Dans ce système, l'État devait être impartial et garantir une liberté à tous : celle de participer à la vie économique, de consommer, de vendre et d'acheter, bref de s'émanciper en tant que citoyen, selon la définition capitaliste de l'émancipation citoyenne. Or, la résolution de la crise écologique ne peut être réalisée sans la naissance d'un débat citoyen collectif et sans la prise en charge collective de notre avenir. Exit, donc, les élus qui parlent en notre nom et qui nous représentent dans le phénomène politique. Un dépassement de la société étatique et capitaliste est donc nécessaire à la résolution de la crise écologique et, parallèlement, à la survie de l'humanité toute entière.

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